Les merveilles du désert. Chapter Ouane (c'est comme le Boulaouane, sauf que c'est une merveille)
Aujourd’hui, je vais te raconter une merveille du désert.
Quand tu passes 7 nuits dans le désert, les deux premiers soirs au cœur du Sahara sont envoûtants. Tu te laisses envelopper par
l’extraordinaire immensité des dunes gigantesques, qui se succèdent à perdre haleine (c'est une figure de style. En fait, les dunes (et tes yeux) ne respirent pas, c'est pour faire joli).
Du
coup, tu n’as même pas envie d’en parler, tellement c’est immense, et tellement
tu te sens ridicule d’essayer.
D’ailleurs, tu n’essaies pas.
De toutes manières,
tu es en compagnie de 13 bédouins qui :
1) ne
te comprendraient pas. Car tu es incapable de t’exprimer en Arabe, et que tu as un tapis de poussière enroulé autour de la glotte, ce qui
est bien dommage (pas le tapis de poussière (ça, tu as l'habitude) ,le fait qu'à part "mektoub" et "choukrane", tu sois dans l'impossibilité de communiquer ton émotion autrement que par des mimiques à la Marcel Marceau.).
2) ont
tous grandi dans des nuages de sable, des oueds et des mirages (ils croient
d’ailleurs que tu en es un, particulièrement apeurant et tenace. Car ils te
croient aussi volatile, comme tout mirage, et ne comprennent pas que tu sois
encore là le matin, avec ton chèche de guingois et ton pantalon qui pue. En plus,
tu réclames un petit déjeuner.)
3) ont autre chose à faire que d’écouter la lente mélopée romantique d’un plumeau blond tout sec, d'apparence humaine assez vague, qui passe son temps à demander, en poussant de petits cris aigus, si le ballet des scorpions et des vipères à cornes est prévu pour bientôt.).
Le 3ème jour, la poésie perd un peu de sa
consistance, au profit d’un impératif beaucoup plus concret. Cet impératif se traduit par une interrogation spontanée (mais intérieure; car je te rappelle que les bédouins sont occupés ailleurs et qu'en outre, ils ne te comprennent toujours pas. D'autant qu'ils continuent de croire que tu es un mirage, alors tu penses bien s'ils vont te prendre au sérieux.). Dès la découverte du point bivouac, tu vas te poser la question suivante:
"vers quelle
dune vais-je me diriger pour déposer mon offrande matinale au Grand Bousier des Sables?".
A ce sujet,
je tiens d'ailleurs à signifier toute mon irritation envers les entomologistes, qui ont
délibérément passé sous silence la présence impalpable du Grand Bousier des
Sables (ou GBS).
Le GBS est un monarque, c’est le plus grand de tous les
bousiers.
Plus grand que toi, même.
Je suis convaincue de son existence, il ne peut en être
autrement, c’est une question de bon sens spirituel.
Le bousier banal, quant à lui, est un insecte délicieux,
mais un peu…comment dire…un peu hermétique.
C'est pour ça.
Je te jure, c’est vrai.
Mais il ne faudra pas venir te plaindre le jour où tu devras répondre à un quizz sur les merveilles du désert.