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Le quatrième wagon
17 janvier 2011

Les royales aventures de Pépin le Bref

Je parie que vous n’avez jamais dormi dans une contrebasse. Moi non plus d’ailleurs, mais ça n’est pas une raison . Car qui, oui qui, peut se vanter d’avoir passé une nuit dans une bulle en plastique, un soir d’orage, au cœur d’une pinède inhospitalière peuplée de sangliers, de mousses hostiles et d’animaux à 4 paires d’yeux ?

Hein ? Qui ?

Moi.

Et je n’en suis pas peu fière.

Parce que si ça vous arrivait à vous, croyez-moi, vous feriez beaucoup moins les malins.  moonraker

 Comparé à cette aventure, dormir dans une contrebasse, c'est de la gnognotte.

La bulle à dormir est un dispositif extrêmement ingénieux, composé d’un sas et d’une chambre à coucher. Exactement comme dans un de ces films de SF des années 70, dans lesquels apparaissait invariablement Jane Fonda, chaussée de cuissardes en vinyle, et moulée dans une sorte de pyjama très près des fesses.

Dessiné par Courrège, ou par Paco Rabane.

Il y aurait beaucoup à dire sur les films de SF des années 70 en général, et sur les pyjamas de Jane Fonda en particulier.

Mais tout bien réfléchi, on s’en fiche un peu des pyjamas de Jane Fonda.

 


Revenons donc à notre bulle.

Pour pénétrer dans la bulle sans qu’elle ne se dégonfle, il est impératif de refermer la porte du sas avant d’ouvrir celle de la chambre à coucher, ce dont je me suis scrupuleusement acquittée les 3 premières fois.

ma_bulle1Sens-tu venir la suite ? (parce que si j’écris « les 3 premières fois », cela signifie implicitement qu’il y en a au moins une quatrième, et que celle-ci est différente des précédentes. Sinon, j’aurais écrit « les 4 (ou 5 ou 10) premières fois. Et si tout c’était bien passé, je n’aurais rien écris du tout.)

Bingo, tu as tout compris, tu es décidément le lecteur rêvé, Hannibal.

Car, en voulant saisir en une nanoseconde le tire-bouchon resté sur le lit, j’ai bêtement oublié de refermer le sas.

Pourquoi vouloir saisir un tire-bouchon au repos ?

Pour téléphoner au pape, gros malin.

Bref, la bulle s’est instantanément déformée, rétractée, et a commencé de s’affaisser autour de moi dans un grand râle gazeux. J’ai poussé un petit cri idiot, avant de refermer en toute hâte les 2 ouvertures.

La bulle ressemblait à présent à une poire trop mûre, molle et sans consistance, et m'observait avec un brin de défi.

Voire une certaine morgue.

Il m’a fallu attendre 2 verres d’un excellent Bandol rouge pour qu’elle affiche à nouveau la forme insolente d’une bulle prête à vous dévorer.

Du genre « le rôdeur » (bonjour chez vous d’ailleurs).

La nuit s’annonçait pétillante et pleine de promesses.

Il faut aussi vous dire que je n’en menais pas très large. Car si vous observez attentivement la bulle, vous constaterez qu’elle est intégralement transparente. Vous vous posez peut-être la question de l’intimité mais halte la, je vous arrête tout de suite.

Fermez les yeux.

Vous êtes loin de tout, au milieu de la pinède, sous des pins millénaires qui chaloupent élégamment dans le murmure délicat du vent. Ceux qui verront vos fesses et vos nichons, ce sont les lapins, les insectes, les pommes de pin, la bouteille de Bandol rouge et les hiboux. Les sangliers, aussi (je remercie au passage la propriétaire de la bulle, qui n’a pas lésiné sur les détails les plus effrayants avant de me lâcher seule dans la nature hostile).

Alors l’intimité, hein, tu penses bien si on s’en fout.bulle

Par contre, rien n’empêche l’évadé de la prison des Baumettes de disparaître dans cette nature sauvage, muni du couteau de boucher qu’il a dérobé aux cuisines avant de se faire la belle. En courant à perdre haleine avant que l’alerte ne soit donnée, il va forcément tomber sur la bulle.

Avec moi dedans.

Rien n’empêche non plus l’évadé de la clinique psychiatrique Saint Roch de disparaitre dans cette nature sauvage, muni de la hache qu’il a dérobée aux cuisines avant de se faire la belle. En courant à perdre haleine avant que l’alerte ne soit donnée, il va forcément tomber sur la bulle.

Avec moi dedans.

Une silhouette apparaitra dans la pénombre. Les branches d’arbres commenceront à grincer sous les rafales de vent, les bourrasques de pluie clapoteront sur les parois de la bulle. Et soudain, un éclair déchirera l’obscurité, et viendra éclairer un visage ingrat, abominablement déformé, dont le sourire baveux révèlera quelques trous. C’est le Fou de Saint Roch, évadé le soir même. Dans sa main, il tient par les cheveux une tête sanguinolente.

Bref, je n’en menais pas très large.

D’autant que la pluie commençait à tomber pour de vrai, que les arbres commençaient à craquer pour de vrai, et que la propriété était gardée par un Malinois de la taille d’une grue, et dont les yeux jaunes révélaient une appétence particulière pour le Bandol rouge.

Et va te barricader dans une bulle en plastique, hein. Non mais vas-y, essaie, qu’on rigole. 

Je me suis couchée en faisant le moins de bruit possible, afin de ne pas révéler ma présence à l’armée des ombres, qui vivait plus que probablement dans un trou fangeux non loin de mon bivouac. Ils auraient été bien contents de manger mes genoux, eux qui ne se nourrissent habituellement que de glands. Le Malinois devait rôder quelque part, une araignée jaune grosse comme la main d’un bébé a entrepris l’ascension de la face Nord de la bulle. J’ai suivi sa progression à la lueur d’une lampe torche. De temps à autres, un éclair déchirait le paysage. Mais le Fou de Saint Roch devait être occupé ailleurs, peut-être qu’il partageait le festin de glands de l’armée des ombres.

Ou qu’il faisait un rami avec l’évadé des Baumettes. Mortuary_2006

Au bout d’un moment, je me suis habituée à cette situation étonnante et même, j’y ai pris plaisir. Après tout, il y avait peu de probabilité pour qu’il m’arrive quoi que ce soit, et c’était plutôt excitant. Toute seule au cœur de la nature, sous la pluie mais abritée, ouverte à 360° au reste du monde, je me suis surprise à vraiment aimer ça. J'avais presque l'impression d'être une sorte de Jim Harrison. Vous savez, le type qui dort sous un flanc de bison pendant 6 mois, et qui passe les 6 autres de l'année à écrire des histoires de types qui dorment sous un flanc de bison pendant 6 mois.

Du coup, quand le Fou de Saint Roch est arrivé avec sa tête coupée dans la main, je la lui ai échangée contre un verre de Bandol rouge.

Convivialité, prospérité.

Merci professeur Glapion-Pinchupinchu, à vous Cognacq-Jay.

 

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Commentaires
M
mais elle est où Mamz'ailes Bille qui joue du clavier informatique comme Jerry Lee Lewis ?
M
mon p'tit doigt m'a dit qu'une des résolutions de début d'année de Mlle Bille était de reprendre son blog... c'est où ?...
M
Joli bout de l'an pour vous, Mademoiselle Bille.<br /> <br /> Vous manquez...
M
Et bien moi, ma compagne m'a fait la douce surprise de m'inviter dans la bulle un soir de coucher de soleil cartepostalesque sur le Mont Blanc, suivi d'une nuit étoilée flashée d'une pleine lune ultrabrillante jusqu'à 5 h du mat. S'en est suivi un lever de soleil hollywoodien et un réveil au milieu des fleurs champêtres. Tout cela sans compter le dîner aux bougies avec vue panoramique à 360 degrés sur la vallée et l'alpage, le petit déjeuner au soleil, l'accueil génial des aubergistes, la couette en soie blanche, et patati et patata, na !
S
En plus t'es magicienne, tu fais rentrer un verre ballon dans un ballon, même le grand Majax, Ajax, Coperfield ? mais non comment il s'appelle déjà, le plus grand prestidigitateur de tous les temps Gare Simone (heureusement qu'il y avait Cognacq Jay pour me mettre sur la voie) n'y aurait pas pensé !
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